Formé dans la petite ville anglaise de Coventry pendant leurs années universitaires, FEET nous replonge dans un univers rock digne de celui des années 1980. Les cinq amis, George (chant), Oli (basse), Ben (batterie), Callum et Harry (guitares) dévoilaient le 14 juin dernier leur deuxième album, Make It Up, chez Submarine Cat Records, le plus gros projet de leur carrière, qu’ils interprètent déjà sur scène en première partie des Psychedelic Porn Crumpets. Rencontre avec le chanteur principal du groupe, George Haverson.

 

 

Vous assurez la première partie des Psychedelic Porn Crumpets pendant leur tournée, comment ça se passe ?

On avait fait quelques concerts en début d’année, mais les dates suivantes avaient été reportées. On est de retour en été cette fois, avec cette superbe météo ! C’est la première fois qu’on fait la première partie du groupe, on ne s’était jamais rencontré avant parce qu’ils sont australiens et que nous habitons à Londres.

 

Après ça, vous enchaînez avec votre propre tournée en Angleterre jusqu’en novembre, comment vous faites pour rester en forme aussi longtemps ?

On a tous un travail à côté du groupe, donc on est habitués à faire beaucoup de choses en même temps. Être en tournée, c’est vraiment ce qu’on préfère et c’est la partie la plus amusante, alors on doit suivre le rythme, essayez de dormir un maximum et boire beaucoup de café (rires). J’aime le mantra qui dit « si tu t’arrêtes, tu meurs ».

 

Pourquoi avez-vous choisi de vous appeler FEET ? 

Pourquoi un nom aussi horrible ? (rires) Quand on a commencé à penser à un nom, l’un des guitaristes, qui ne fait plus partie du groupe car il est devenu pilote, voulait qu’on s’appelle les Talking Heads, visiblement il n’avait jamais entendu parler d’un des plus gros groupes de rock du 21e siècle… On pensait qu’il rigolait, surtout qu’on avait littéralement joué une de leur chanson sur scène, alors il nous a répondu qu’à la place on pourrait choisir un nom stupide comme FEET. C’était un peu pour se moquer de lui à la base.

 

Vous vous êtes tous mis d’accord alors ? 

Quasiment oui, mais j’admets qu’il y a eu plusieurs moments dans notre carrière où on l’a remis en question. Quand on cherche « Feet » ou même « Feet band » sur Internet, on tombe sur des photos horribles, c’est aussi pour ça que des gens ont essayé de nous faire changer de nom, mais campez sur vos positions ! (rires) Je crois que je l’aime vraiment maintenant, c’est court, mignon, et comme ça s’écrit en majuscules, ça fait un petit bloc sur les affiches des festivals qui prend un peu plus de place chaque année.

 

 

C’est difficile de toujours s’accorder quand on est cinq ?

Ce sont beaucoup de débats évidemment, mais c’est toujours constructif. Je crois qu’on est tous sur la même longueur d’onde maintenant. On se connaît depuis presque neuf ans, on a habité ensemble, dormi dans le même lit plus d’une fois, partagé énormément de choses et on s’est aussi beaucoup remis en question. Quand on doit prendre une décision, c’est le groupe qui prime, et pas les avis personnels de chacun. Si l’un de nous n’aime pas vraiment une chanson par exemple, on essaye un peu de le faire changer d’avis et on attend qu’il donne son feu vert, mais on n’est pas toujours d’accord.

 

Avez-vous tous des personnalités plutôt similaires ou très différentes les unes des autres ?

Je dirai qu’on se ressemble beaucoup, on a tous le même sens de l’humour. Le travail, c’est une chose, mais à côté de ça, il y a énormément de temps passé avec ces quatre gars qui sont des très bons amis. J’espère qu’ils disent la même chose de moi (rires). Même quand on ne fait rien de spécial, on arrive à se divertir, aucun de nous ne reste silencieux, il y a cette espèce de jovialité constante, peu importe qu’on aille d’hôtel en hôtel ou qu’on conduise pendant six heures d’affilée. Si on s’entend aussi bien, c’est justement parce qu’on se ressemble, mais ça veut aussi dire qu’on fait les mêmes bêtises et que les mêmes choses nous ennuie.

 

Si tu devais définir FEET en un mot, lequel ce serait ?

Je me souviens d’un commentaire sous un de nos clips sur YouTube qui disait « Low testosterone rock », et je trouve que c’est bien résumé (rires).

 

« Si on a pu faire cet album, c’est bien parce que chaque personne créative peut réaliser ses rêves, à partir du moment où elle a une idée. Ça n’a pas besoin d’être bien pensé, ça n’a pas besoin d’être bon ou mauvais, faites le, l’initiative est presque plus importante que l’art en soi (…). »

 

Dans votre bio TikTok, il y a écrit « Un groupe formé à Coventry, détruit à Londres », pourquoi ?

En fait, on a passé plus de temps à Londres qu’à Coventry. C’était le point de départ, mais nous n’en sommes plus là, comme quand on déménage et qu’on reconnaît à peine d’où l’on vient en y retournant. Je pense qu’on s’est amélioré et qu’on a beaucoup mûri depuis. Beaucoup de groupes auraient fait l’inverse : aller à Londres et essayer de modeler la scène de là-bas, mais risquer de devenir un pastiche de leur ancien eux. Je crois qu’on n’est pas encore assez rebelles pour ça.

 

Make It Up, est souvent décrit comme votre projet le mieux réfléchi et le plus sérieux. C’était une volonté de votre part ?

Complètement, le groupe existe depuis longtemps maintenant et le premier single date d’il y a déjà cinq ans. Je pense aussi qu’on est simplement plus vieux et que ça se ressent dans l’écriture de nos chansons, ça montre où l’on en est dans nos vies. Le premier album était très drôle, on sortait de l’université, mais pour celui-là, on a travaillé dur. Chaque fois qu’on sort un titre, on s’assure d’être encore là les années à venir, tout doit être réfléchi et ciblé, parce que si c’est nul, on risque de ne plus exister. C’est un disque important pour nous, qui nous permet de nous crédibiliser davantage avant d’en sortir un autre. Si on a pu faire cet album, c’est bien parce que chaque personne créative peut réaliser ses rêves, à partir du moment où elle a une idée. Ça n’a pas besoin d’être bien pensé, ça n’a pas besoin d’être bon ou mauvais, faites le, l’initiative est presque plus importante que l’art en soi, tout le monde a son moment de gloire.

 

 

Quel est ton morceau préféré de l’album ?

J’aime beaucoup Truly Awful, parce qu’on ne s’était pas vraiment essayés aux chansons tristes jusque-là. On a fait beaucoup de morceaux soft-indie pendant un certain temps, et j’aime aussi ce registre, mais parfois, c’est trop doux, je n’avais pas envie de perdre le caractère de nos chansons. On a donc essayé de trouver notre créneau dans les chansons tristes et je pense qu’on a fait du bon travail, je suis content du rendu final. Je suis sûr qu’on écrira des chansons bien plus tristes que celle-là, mais c’était un grand défi, alors je dirai que c’est ma préférée.

 

Vous écoutez souvent votre propre musique ?

Honnêtement, pendant la création de l’album, on entend tellement nos chansons que je ne les ai même pas réécoutées depuis qu’il est sorti. Je les ai déjà entendues des centaines de fois, elles sont imprimées dans ma tête. Une fois qu’on a terminé un projet, je ne me replonge pas vraiment dedans, je me concentre plutôt sur le suivant.

 

Sur Instagram, vous aviez écrit « Cinq ans d’essais et d’erreurs nous ont menés là », en parlant de la sortie du deuxième album, à quoi ressemblaient ces cinq ans ?

C’était très bizarre, parce que quand on a commencé, tout a été très vite. On s’est fait signé juste après l’université alors qu’on avait qu’une seule chanson qui était sortie, ce qui est ridicule. On vivait entre des fermes et des caravanes pendant un temps, on partait en tournée et on allait dans des endroits géniaux, mais au milieu de tout ça, on n’avait même pas eu le temps de réfléchir à ce qu’on voulait faire comme musique. Pendant ces cinq ans, on a gardé le même objectif en tête, mais la vitesse à laquelle on avançait n’arrêtait pas de changer. Juste quand on pensait être enfin prêts et qu’on avait plusieurs morceaux à sortir, la pandémie est arrivée et on s’est fait lâchés parce que c’était devenu trop compliqué de faire du chiffre. Cette période a été décisive pour le groupe : on a passé tellement de temps ensemble, tous les cinq, qu’on a réussi à enfin trouver notre identité musicale. On aurait pu couler au contraire, mais je crois que depuis le début, on sait que c’est ce qu’on doit faire pour le restant de nos jours, sinon on s’ennuierait. L’envie a toujours été là, mais on a été confrontés à beaucoup d’épreuves pour devenir un groupe qui fonctionne. Pour l’instant, on a l’impression d’être sur la bonne voie pour faire quelque chose de cool.

 

Quel est votre prochain objectif ? 

Évidemment, ce serait génial de faire un énorme album et des festivals de renom, mais pour être honnête, j’aime vraiment où on en est en ce moment avec le groupe, et la manière dont on progresse, tout semble très naturel. On avance un pas après l’autre, à notre rythme, parce que quand tout va trop vite, on peut perdre de vue ses objectifs. Dans un sens, ne pas être extrêmement connus nous permet d’apprécier chaque étape.

 

FEET sera en tournée du 27 juillet au 24 novembre dans toute l’Angleterre. D’autres dates européennes seront annoncées dans les prochains mois.

 

 

Texte Lucile Gamard